Ce jeudi 4 février, Emmanuel Macron a officiellement lancé le plan cancer décennal.
La stratégie est ambitieuse avec un budget de 1,7 milliards d’euros pour les cinq prochaines années, soit une hausse de 20% par rapport au précédent plan quinquennal. Priorité à la prévention, au dépistage, à l’amélioration de la qualité de vie des patients et à la lutte contre les cancers dits incurables. Parmi les objectifs annoncés : réduire à moins de 100 000 le nombre de cancers évitables, et faire de la génération des jeunes qui auront 20 ans en 2030, une génération sans tabac.
Le constat est positif, car de nombreux progrès ont été faits dans les dernières décennies : en moins de 20 ans, grâce à une collaboration entre la recherche fondamentale et les hôpitaux, la France est aujourd’hui à la pointe de la recherche mondiale. Les traitements sont plus ciblés et donc moins contraignants, mieux tolérés. Et grâce aux actions de prévention et de dépistage, on observe une diminution des taux d’incidence et du taux de mortalité.
Cependant, le cancer reste la première cause de mortalité chez l’homme avec un âge médian de 68 ans, et la deuxième chez la femme avec un âge médian de 67 ans. Chaque jour, c’est 1000 nouveaux cas découverts en France. 4 millions de français vivent avec ou après un cancer. Malgré des progrès indéniables, il est encore possible d’agir pour réduire le nombre de cancers.
On constate par exemple, que, malgré une prise en charge du dépistage des cancers après 50 ans, les 2/3 des français ne font pas le dépistage du cancer colorectal, alors qu’il se traite très bien.
Les cancers en chiffres
Après la fin du 3ème plan cancer que reste-t-il à faire ?
3 priorités :
- Prévenir et dépister
- Réduire des séquelles et améliorer la qualité de vie des patients
- Intensifier la lutte contre les cancers de mauvais pronostic dits incurables
Prévention et dépistage
Prévenir pour réduire le nombre.
40 % des cancers sont évitables par une modification des comportements : tabac, alcool, alimentation, activité physique régulière. Il faut agir à la racine. Le Président rappelle qu’une de nos faiblesses en France est qu’on soigne bien, mais on prévient peu. La meilleure manière de traiter un cancer est encore de faire qu’il ne se déclenche pas.
A lui seul, le tabac totalise 70 000 nouveaux cas par an, soit près de la moitié des cancers évitables. Un adulte sur quatre fume, contre un sur trois il y a quelques années, mais notre pays reste un pays « gros fumeur ».
L’alcool représente 20 % des cancers évitables. L’idée n’est pas d’aller vers zéro alcool, mais de prévenir les excès pour les plus dépendants. 10% des buveurs consomment à eux seuls près de 60 % de l’alcool !
Il faut mener des actions ciblées vers les jeunes, car leurs comportements inspireront les générations à venir.
Au niveau de l’alimentation, la France est pionnière, avec la mise en place du Nutriscore. Il faut encore continuer les actions et :
- promouvoir une agriculture locale de qualité,
- agir en augmentant l’activité physique qui reste un vrai problème, en particulier chez les jeunes qui bougent moins à cause des écrans,
- lutter contre la pollution de l’air.
Dépister pour mieux traiter, et traiter plus vite.
Il est important de cibler les populations à dépister, en fonction des facteurs de risque, alors que jusqu’à présent, on propose un dépistage massif en fonction de l’âge. Mais cela a des limites, et une grande partie de la population y échappe. Neuf millions de personnes se font dépister chaque année, mais des progrès restent à faire. Pour cela, il faut mieux cibler, grâce aux nouvelles technologies. Déployer une campagne de dépistage du cancer du poumon efficace fait partie des objectifs.
Réduire des séquelles et améliorer la qualité de vie des patients
Mieux accompagner les atteints pendant et après un cancer. On a aujourd’hui l’espoir de traitements plus individualisés, mieux ciblés. 50% du budget sera consacré à la recherche fondamentale et aux essais cliniques.
Davantage de projets de recherche seront prévus : prévention, dépistage, développement d’applications pour faciliter les échanges entre patients, équipes de soins et médecins, ….
Prévenir les cancers par une meilleure alimentation
Nombreux sont les aliments auxquels de prétendues vertus anti-cancer ont été attribuées. Cependant, parmi ces aliments, certains ont fait l’objet d’études et leurs bénéfices dans le cadre de la prévention des cancers sont avérés.
Il faut, en effet, rappeler qu’aucune étude isolée ne suffit à établir le lien d’une relation entre un facteur donné et le risque de maladie. Ce lien est établi sur la base d’un faisceau d’arguments, et fait ensuite l’objet d’analyses, qui vont confirmer ou non l’existence de ce lien. Il existe trois niveaux de preuve : convaincant, probable, suggéré/limité. Lorsque les preuves sont suffisantes, des recommandations sont émises par Santé Publique France, comme en 2019 :
Augmenter :
- l’activité physique
- sa consommation de fruits, de légumes, de légumineuses, de fruits à coque
- le « fait maison »
Aller vers :
- le pain complet ou aux céréales, les pâtes riz et autres céréales complètes
- les poissons gras et maigres en alternance
- l’huile de colza, de noix, d’olive
- une consommation de produits laitiers suffisante mais limitée
- les aliments de saison et les aliments produits localement
- les produits bio (quand c’est possible)
Réduire :
- sa consommation d’alcool
- les produits et boissons sucrés
- les produits salés, la charcuterie
- la viande : porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats
- les produits avec un NutriScore D ou E
- le temps passé assis
Une alimentation équilibrée, lutter contre la sédentarité, la prise de poids, arrêter de fumer sont des moyens simples de prévenir le risque de survenue d’un cancer.
Sources :
- Rencontres de l’Institut du Cancer – 4 février 2021
- Rapport INCa, Panorama des cancers en France, 2021
- Nutrition et Cancer, Rapport d’analyses collectives, ANSES, Mai 2011